Pour sa 2ème édition, la Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris s’est tenue le 23 mars 2022, avec à l’honneur, Son Excellence Madame Liliane MASSALA, Ambassadeur Haut Représentant du Gabon en France, Représentant Permanent du Gabon auprès de l’OIF,
représentée par Madame Antoinette BOUANGA, Premier Conseiller, et Son Excellence Monsieur A. Magnus EKOUMOU, Ambassadeur du Cameroun.
Ce nouveau cycle de rendez-vous mensuels qu’organise Africa Presse se fixe pour objectif de mettre en relation les diplomates africains et des responsables d’institutions nationales ou régionales, des chercheurs, des universitaires, des financiers et des experts français, sur des thématiques en lien avec les défis et les enjeux du développement du continent africain.
Tenue sur le thème « Comment contribuer au développement de l’agriculture en Afrique? », cette rencontre a permis à des panélistes de haut niveau d’esquisser des réponses viables à l’optimisation de la production agricole du continent, de manière à envisager la réduction de son extrême dépendance à des importations. La situation alimentaire de cette population appelée à doubler au cours des trente prochaines années, est d’autant préoccupante qu’elle est exacerbée par des chocs extérieurs qui influencent très profondément les circuits économiques internationaux, au nombre desquels, la pandémie du Covid-19 et la crise ukrainienne en cours.
Si les deux diplomates ont mis un accent sur les potentialités qui prédisposent la sous-région d’Afrique centrale à des pratiques agricoles (climat favorable, sols agraires disponibles et fertiles, abondance de main d’œuvre etc.), et sur les difficultés d’ordre structurelles que connaissent les deux pays, les différents panélistes se sont appuyés sur des actions déjà en place qui visent à libérer le potentiel agro-écologique et faire de l’agriculture le levier de l’émergence du continent. Ainsi, à travers quelques initiatives bien réussies dans certains pays, se sont- ils accordés sur les capacités de ce continent pluriel à pourvoir ses besoins en céréales, fruits, produits de la pêche et de l’élevage.
Pour parvenir à la souveraineté alimentaire du continent, les représentants du Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN), de la Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF), de l’Assemblée Permanente de la Chambre d’Agriculture de France (APCA), de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et d’autres experts invités estiment qu’il conviendrait de créer des outils de financement innovants et un accompagnement soutenu des porteurs de projets. Face à l’inexistence des banques spécialisées sur le continent, ces nouveaux outils pourraient être des sociétés financières gérées par des privés expérimentés, et fonctionnant comme des fonds d’investissement, capables d’attirer des capitaux privés ou d’autres investisseurs. Il s’agira en définitive de faire de sorte que ces initiatives privées permettent à l’entreprise d’être le véritable moteur de la production.
Une autre approche novatrice serait de privilégier des projets qui tiennent compte du climat, et d’inciter les banques commerciales à financer les projets des privés nationaux en devises locales. Cette option nécessite un accompagnement des Etats par des mécanismes de garantie. L’objectif étant d’assurer au continent une indépendance alimentaire, l’une des priorités devrait être le développement des filières des protéines végétales.
Pour la représentante de Madame Ambassadeur, les réponses au défi alimentaire au Gabon consistent entre autre à doter les familles en semences de cycles courts visant une production capable d’approvisionner le marché local, notamment en fruits et légumes. Cette vision est portée par une startup locale et une application qui sert à optimiser les rendements agricoles et augmenter les revenus des producteurs, mais aussi à faciliter l’accès aux marchés, au matériel agricole et au financement. Ce qui implique la formation des jeunes.
Sur le plan agroindustriel, la production est dominée par la transformation de l’huile de palme, de l’hévéa et de la canne à sucre. Pour conforter son niveau d’électrification, le Gabon s’est engagé dans un vaste programme de centrales photovoltaïques notamment en zones rurales.
Avec la France, la coopération dans le domaine agricole est particulièrement active à travers le projet d’Appui au Développement et à l’Investissement Agricole au Gabon (PRODIAG) qui vise à sécuriser l’approvisionnement en biens alimentaires des centres urbains et à promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement.